Il y a un an, j’écrivais une tribune à propos de la fonction de Directeur Développement Durable. J’ai la forte conviction que ce métier permet d’acquérir et de développer des talents et des compétences nécessaires pour exercer la fonction de Directeur Général.
Je suis heureuse de constater que le groupe suédois H&M a nommé Helena Helmersson Directrice Générale. Elle était auparavant Directrice du Développement Durable du même groupe. Pour rappel, H&M est le 2e distributeur de vêtements du monde avec 171 000 salariés et un chiffre d’affaires 2018 de 20,3 milliards d’euros.
Directeur Développement Durable, la voie royale pour être DG ?
La mode éphémère et jetable est de moins en moins acceptée. Elle est même décriée et commence à être rejetée. H&M ambitionne de devenir « un producteur de mode circulaire et positive tout en étant une entreprise juste et équitable ». Pionnier sur cette thématique dans le secteur du retail et de la fast fashion, on peut imaginer que d’autres suivront. Le passage par une direction développement durable n’est-elle pas la voie royale pour conduire et mener à bien cette transformation ?
Les grands sujets de discussion abordés à Davos cette année : l’urgence climatique, la nécessaire inclusion sociale et sociétale, la question du sens de l’entreprise et de la finalité de ses produits et services. Ces thèmes sont les sujets sur lesquels les Directeurs Développement Durable réfléchissent, proposent et mettent en œuvre des solutions !
Persévérance, négociation, culture générale, humilité
Il y a un an je mettais en exergue leur excellente culture générale de l’entreprise, leur capacité à comprendre la complexité et l’interaction des grands enjeux sociaux et environnementaux, leur capacité à dialoguer avec les parties prenantes : ONG, syndicats, les représentations locales … Un Directeur Développement Durable doit en permanence négocier et convaincre de la pertinence de ses projets, de la valeur ajoutée que cela apporte.
Pendant longtemps et trop souvent encore, il n’est pas fortement mis en valeur, avec très peu de ressources : de petites équipes, voire pas d’équipe, des petits budgets, voire pas de budget.
Il s’est habitué à l’humilité, aux compromis, à la négociation. Il porte des valeurs fortes sans adopter la posture d’un militant. Il est tenace et persévérant.
Leadership d’influence, raison d’être… et courage !
Depuis 10 ans, je vois les profils de la fonction évoluer. Et particulièrement ces deux dernières années ! Ils ont gagné en charisme, en capacité à prendre la parole – leur leadership d’influence est fort. Ils ont progressé en finance, en stratégie d’entreprise. Ils comprennent et savent faire évoluer les business models.
Ce sont eux encore qui, suite à la loi PACTE, favorise la « raison d’être », c’est-à-dire l’ambition d’intérêt général qu’entendent poursuivre les dirigeants dans le cadre d’une entreprise commerciale.
Le point sur lequel ils ont le plus progressé je pense, c’est le courage ! Le courage de délivrer des messages qui bouleversent les paradigmes. Helena Helmerson a eu le courage de dire qu’il fallait favoriser la revente de seconde main quitte à perdre du CA.
Mais le courage aussi de rester et de faire bouger les lignes de grandes entreprises. Aujourd’hui avec des externalités bien plus négatives que positives. Mais une possibilité d’impact positif très forte !
Alors que certains veulent voir disparaître la fonction sous prétexte que le développement durable s’insère partout, je crois au contraire qu’il faut les promouvoir aux postes de Directeur Général. Ce sont eux qui permettront aux entreprises de bâtir un capitalisme bienveillant, inclusif et favorable à l’environnement.
Je constate chaque jour que les Directeurs Développement Durable à haut potentiel sont bien souvent des Directrices. La fonction développement durable n’est-elle pas aussi la voie pour féminiser les directions générales ?
Une tribune de Caroline Renoux, Fondatrice de Birdeo
