[RETROSPECTIVE] Quête de sens et quête d’impact : quels nouveaux paradigmes pour les décideurs ?

La crise du Covid-19 a mis en exergue une profonde recherche de sens dans notre société, et plus particulièrement dans le monde du travail, renforcée par la grande démission ou encore le « quiet quitting » outre-atlantique.

« La quête de sens est propre à la condition humaine. Aujourd’hui, notre société post-moderne renforce cette quête de sens avec une injonction à être soi et un important questionnement sur le sens plus spécifiquement donné au travail. » – Francine Réchou, Directrice Associée et Executive Coach (Version Originale)

Les décideurs jouent un rôle décisif dans cette quête de sens et cette quête d’impact aussi bien auprès des collaborateurs que des instances de direction, CODIR et COMEX. L’ère du sens au travail et les nombreux défis écologiques et sociaux de notre époque obligent les dirigeants à repenser et refondre le modèle de l’entreprise.

Sens et impact, les nouveaux paradigmes de l’entreprise et des décideurs

 

Ces dernières années, la notion d’impact s’est considérablement élargie : une réflexion sur l’impact des activités de l’entreprise sur son écosystème et ses parties prenantes internes (collaborateurs et actionnaires), mais également plus largement l’impact sur l’ensemble de la chaîne de valeur, de la société et de l’environnement, est devenue un passage obligé d’une stratégie de développement durable.

Notre conception du développement et de la croissance a trouvé ses limites : des limites sociales, économiques et écologiques. Les dirigeants ont la responsabilité de repenser ces paradigmes à travers le prisme de la durabilité pour transformer leur organisation et ses activités.

Comme l’illustre Isabelle Mouret de Lotz, Directrice Développement et Executive Search de Birdeo :

« Donner du sens à son action, c’est choisir une direction reposant sur un socle de valeurs qui construit le sens d’un projet. Mais puisque nous évoluons dans un environnement contraint, on parle d’impact. Cet impact peut être lié à l’environnement, la dimension humaine et sociale. »

Donner du sens à ses équipes en entreprise

 

Réfléchir au business model de son entreprise, sa raison d’être, son utilité sont des étapes cruciales lorsque l’on souhaite s’engager pour une économie durable, mais sans l’engagement et l’implication des équipes ces efforts seront vains. C’est pourquoi les directions générales doivent apprendre à traiter la RSE comme un sujet à la fois stratégique et transverse.

Faire coopérer les différentes directions sur les enjeux du développement durable est aujourd’hui indispensable pour transformer les activités et les métiers d’une entreprise. Par exemple, la direction financière et la direction RSE doivent savoir communiquer, comprendre les enjeux communs et agir ensemble au profit du projet proposé par l’entreprise et donc de la création de sa valeur globale, c’est-à-dire financière et extra-financière

Ainsi, il est primordial que la réflexion des décideurs la mise en œuvre de la transformation reposent à la fois sur la coopération au sein des équipes, sans oublier les parties prenantes externes.

La raison d’être en action

 

Pour aller collectivement vers une transformation de la stratégie et des métiers, il faut également être capable de renoncer et remettre en question certaines activités ou projets de développement au cœur de son business model.

« Beaucoup d’entreprises et de décideurs abordent la réflexion sur le sens et leur raison d’être sous un prisme communicationnel et réputationnel, ou bien avec l’objectif de fédérer ses collaborateurs, sans envisager des transformations concrètes de leurs activités et de leur business model. Cette capacité à renoncer et à se transformer est cruciale pour garantir l’alignement et la cohérence de la raison d’être et la réalité de son activité. » – Marie-Céline Plourin, Directrice RSE (Oodrive)

Le décideur joue un rôle essentiel pour définir, porter et incarner la raison d’être de l’organisation. Cependant, il faut engager un travail de transmission et de formation pour que les collaborateurs s’en saisissent et la traduisent opérationnellement dans leur quotidien. Plutôt que l’injonction, c’est la pédagogie qui permettra de faire le lien entre la raison d’être et son business, et ainsi garantir la durabilité et la pérennité des activités de l’entreprise.

S’il est important de partager sa raison d’être avec ses parties prenantes internes, les parties prenantes externes (clients, fournisseurs, partenaires, etc.) doivent également faire partie de l’équation.

Pour impliquer ses fournisseurs dans cette transition, il convient de savoir les accompagner et prendre le temps d’étudier chaque étape du process de production pour aboutir ensemble à de nouvelles manières d’opérer plus responsables et en phase avec sa raison d’être. Une fois les fournisseurs engagés dans cette démarche vertueuse, il faut savoir communiquer cette nouvelle stratégie aux clients, en expliquant la problématique à laquelle répond un produit ou un service écoconçu.

 

Loin d’être un outil de communication supplémentaire, la raison d’être doit devenir la boussole d’une organisation. Mais cela suppose qu’il existe un véritable alignement entre les valeurs énoncées dans la raison d’être et la réalité des actions mises en place par l’entreprise.

« Tout désalignement va être synonyme de désengagement. Cet alignement entre paroles et actes sera une stratégie gagnante pour la marque employeur de l’entreprise et donc l’attraction et la rétention des talents, qui souhaitent se mobiliser en faveur d’un projet à impact positif. » –  Arnaud Herrmann, Co-fondateur et CEO d’EcoLearn

 

Les nouvelles compétences des dirigeant.es engagé.es

 

Pour Isabelle Mouret de Lotz, les décideurs qui portent les enjeux de durabilité doivent s’appuyer sur trois compétences essentielles :

  • Adopter une posture stratégique:  il est indispensable de savoir guider les équipes à travers une vision de long terme pour viser une transformation pérenne de son organisation.
  • Une mise en œuvre opérationnelle: Une bonne maîtrise des réglementations (taxonomie, ESG,…)  et des certifications et labels permettront de matérialiser les engagements et la raison d’être de l’organisation.
  • Une capacité à accompagner le changement: faire preuve de dynamisme, de pédagogie et d’écoute pour que chacun s’approprie les enjeux de la durabilité dans le cadre de son métier.

« La conduite du changement est le plus grand challenge des décideurs. Leur rôle principal est d’entraîner l’ensemble de l’organisation, de sensibiliser et convaincre sur la nécessité d’adopter une nouvelle trajectoire. » – Arnaud Herrmann, Co-fondateur et CEO d’EcoLearn

Outre ces trois compétences, les dirigeant.es engagé.es doivent aussi faire preuve de courage, d’humilité et d’une forte capacité d’innovation. En tant que Directrice RSE, Marie-Céline Plourin considère que l’humilité et un apprentissage continu jouent un rôle important dans ses fonctions :

« L’humilité fait également partie des qualités clés pour réussir à intégrer la durabilité à ses activités, plus particulièrement lorsqu’il s’agit d’organisations qui initient depuis peu une démarche RSE. Savoir reconnaître ses lacunes et manques de connaissances sur le sujet, s’informer et se former aux enjeux du développement durable, mais aussi faire appel à des experts constituent des étapes importantes. »

Comment créer de la valeur environnementale, sociale et sociétale ?

 

L’enjeu principal d’un nouveau modèle d’entreprise durable est sa capacité à créer une valeur environnementale, sociale et sociétale. La prise en compte de ces trois piliers est aujourd’hui indispensable pour avoir une vision globale et juste de la performance d’une entreprise. L’entreprise doit savoir prioriser les enjeux sur lesquels elle aura les moyens de maximiser son impact positif au regard de son cœur d’activité. Les décideurs seront alors en capacité de fédérer et engager les collaborateurs au service de la mise en œuvre opérationnelle de la stratégie globale au service de la durabilité.

Cette nouvelle conception de la valeur environnementale, sociale et sociétale est souvent portée et encouragée par des initiatives collectives, à l’image de la Communauté des Entreprises à Mission ou la Convention des Entreprises pour le Climat. Fondés sur la coopétition et la coopération entre entreprises, ces espaces de discussion invitent les dirigeant.es à challenger et redéfinir la notion de performance et le modèle d’affaires de leur organisation.

 

Cet article est un résumé du webinaire co-organisé par EcoLearn, Version Originale et Birdeo. Pour visionner le replay du webinaire.

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