Compétences et durabilité

Révolution du travail : de nouvelles compétences pour des métiers plus durables

Lors d’un webinar de restitution le 12 mars 2024, nous avons présenté une étude récente intitulée « Compétences & Durabilité », réalisée par le cabinet de conseil Bartle, l’ESSEC Business School et Birdeo. Cette étude offre une vision complète de l’évolution des métiers sous l’angle des enjeux de durabilité.

À cette occasion, quatre experts ont partagé leur expertise :

Évolution des attentes et des demandes dans le monde professionnel

Dans un contexte de bouleversements sociaux et environnementaux, nos trois organisations constatent un changement des attentes de leurs parties prenantes.

Le cabinet de conseil Bartle est désormais sollicité non seulement par les directions RSE, mais également par d’autres départements métiers tels que l’innovation, le marketing et la supply chain, tous intégrant les critères sociaux, environnementaux et de gouvernance (ESG) dans leur stratégie.

Birdeo, spécialisé dans le recrutement, observe une demande croissante pour des postes requérant une « double-compétences », alliant expertise métier et maîtrise des enjeux de durabilité.

Le secteur de l’enseignement supérieur et de la formation a également dû s’adapter aux nouvelles demandes des étudiants. La mission de l’ESSEC Business School consiste désormais à former à la transformation du monde, grâce trois actions : la sensibilisation de l’ensemble des étudiants, une offre de spécialisations et la redéfinition des enseignements fondamentaux en management en intégrant les concepts du développement durable.

La gouvernance s’empare de la RSE

« Il y a quelque chose qui a profondément changé ces derniers temps, c’est l’intégration de la RSE au niveau de la gouvernance. Il y a encore 3-4 ans les questions liées à la RSE étaient traitée majoritairement par la Direction RSE qui se situait au niveau N-2 par rapport au COMEX et au CODIR. », explique Caroline Renoux.

La transformation de la gouvernance et plus particulièrement la responsabilisation des Conseils d’Administration sur les enjeux de durabilité constituent des leviers d’action indispensables pour intégrer la durabilité dans l’ensemble des activités de l’entreprise. Comme le montre notre étude, les gouvernances évoluent : 1/3 des Responsables RSE interrogé·es sont membres du COMEX, CODIR ou du Conseil d’Administration de leur organisation.

Le Code Afep-Medef et le Code Middlenext se sont engagés en faveur d’une transformation des Conseils d’Administration, en plaçant la stratégie RSE au cœur des missions de l’organe de gouvernance. Ils préconisent une montée en compétences du Conseil d’Administration grâce à la formation des membres aux enjeux de durabilité, et plus particulièrement les enjeux climatiques. Sensibiliser et acculturer les administratrices et les administrateurs à ces enjeux vise à améliorer leur vigilance quant au respect des critères ESG dans la vision stratégique de l’entreprise. Le Code Afep-Medef recommande également de poursuivre l’indexation des rémunérations variables des dirigeant·es à des critères ESG assortis d’objectifs.

Intégrer des compétences en durabilité : le rôle du peer-learning

La montée en compétences des professionnel·les sur les enjeux RSE est divisée en 3 piliers :

  • 75% des répondant·es privilégient des démarches personnelles (littérature, conférences, colloques, MOOC, etc.) ;
  • 45% font le choix de la formation continue grâce à un accompagnement RH au sein de l’entreprise ;
  • 35% se forment grâce à la collaboration avec les pairs (aussi appelée peer-learning) et parties prenantes.

Le peer-learning trouve un écho particulier parmi les professionnel·les, surtout lorsqu’il s’agit de changer les pratiques en intégrant des connaissances et des compétences en RSE et développement durable.

Face à la croissance des obligations réglementaires et l’arrivée de la CSRD, les Directions RSE doivent travailler en collaboration avec d’autres directions métiers, à l’instar de l’innovation, des achats et de la finance pour coordonner le reporting de durabilité.

Selon Louis Raynaud de Lage « Il y a une forme de synergie, une hybridation des savoir-faire entre services qui est en train de se mettre en œuvre dans l’entreprise. Cette montée en compétences réciproque est très profitable au sein l’entreprise. »

Cette montée en compétences peut également prendre la forme d’un partage de connaissances, de méthodologies et de bonnes pratiques sur des problématiques sociales et environnementales avec des acteurs territoriaux, des clients, des entreprises de la chaîne de valeur et du secteur de l’organisation.

Enfin, il est important de rappeler la force des réseaux de pairs qui portent dans leur raison d’être la notion de coopétition. En œuvrant pour la création de groupes de travail et de synergies, ces réseaux d’entreprises favorisent la recherche de solutions communes à un secteur ou un métier. On peut citer la Convention des Entreprises pour le climat, le club de la Transformation positive le C3D, Circul’R,etc. qui permettent de coconstruire des réflexions sur des problématiques communes.

« Au-delà d’apprendre et d’échanger des bonnes pratiques, on lance des initiatives communes concrètes pour changer nos business models. C’est de la formation-action. Il faut aussi utiliser les chaires académiques pour rencontrer des pairs, ce sont des éléments de benchmark et d’apprentissage commun avec des pairs dans un cadre sécurisé. » – Joël Tronchon

Le binôme RH et RSE, ou comment construire une véritable stratégie d’intégration des compétences

Les Directions RSE et RH sont au cœur de la transformation durable de l’entreprise et des collaborateurs. Leur collaboration a pour rôle d’accélérer l’acquisition de ces nouvelles compétences indispensables à la transformation des métiers grâce à une prospective des métiers.

On observe un changement de paradigme dans le monde des ressources humaines, la RSE impulse une réflexion sur l’avenir des métiers, les besoins en formations et en compétences et la notion de performance traditionnelle au profit d’une performance globale. En effet, c’est également ensemble que les deux directions pourront établir des critères de performances et d’évolution liés aux objectifs de durabilité à chaque métier.

La mobilisation de la fonction RH s’inscrit également dans différentes initiatives à l’instar de la création du  Club DRH & Impact hébergé au sein du Club de la transformation positive créé par Sparknews en 2015.

Selon Joël Tronchon, la RSE et les RH travaillent ensemble pour structurer les nouveaux métiers de la RSE, afin proposer des offres de formations adaptées, imaginer des parcours de carrière offrant une mobilité dans les métiers de la RSE et enfin intégrer la RSE dans les fiches de postes, les évaluations sans oublier les objectifs individuels et collectifs. Ce travail commun sera la clé d’une « décentralisation de la RSE » dans les différents métiers.

Pour Louis Raynaud de Lage, « la démarche de montée en compétences doit être structurée, planifiée et graduelle.»  Cela peut par exemple s’incarner dans des démarches de « shadowing » pour permettre à des collaborateurs d’aller dans plusieurs services pour comprendre les enjeux de durabilité dans plusieurs métiers. Du point de vue de Caroline Renoux, le binôme RSE et RH doit être source d’innovations organisationnelles grâce au « test and learn ». Cela implique de sortir du cadre traditionnel de la formation en repensant le fond mais également la forme d’un plan de formation.

Pour accompagner au mieux la transformation des métiers, notre étude propose une analyse de 5 métiers qui devront intégrer les enjeux de durabilité :

  • RH
  • Finance
  • R&D Innovation
  • Marketing & Communication
  • Supply chain & achats.

Au-delà d’une étude, il s’agit d’un outil indispensable pour mieux comprendre les grands enjeux et les compétences spécifiques à mobiliser dans chaque métier. Découvrez également des témoignages d’expert·es pour comprendre l’évolution de ces métiers.

Pour télécharger l’étude et visionner le replay du webinar.

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