Chief Mission Officer

Chief Mission Officer, un nouveau métier stratégique et engageant pour les entreprises

D’une entreprise « classique » à une entreprise « à mission »

La Loi Pacte initiée en 2019 est considérée comme une véritable avancée pour la transformation durable des entreprises. Elle offre aux entreprises françaises la possibilité de se doter de la qualité de société à mission, se rapprochant du modèle américain des Benefit Corporations qui inscrivent dans leur gouvernance des objectifs sociaux et environnementaux. Ainsi les sociétés à mission (SAM) ou entreprise à mission se dotent dans leurs statuts d’« une finalité d’ordre social ou environnemental » en plus de leur but lucratif. A ce jour, la communauté des entreprises à mission a référencé plus de 184 Société à Mission (SAM) [1].

S’engager dans l’obtention de la qualité de SAM est un projet hautement stratégique pour une entreprise : elle incarne son aspiration sociale et exprime sa raison d’être.

Afin de devenir une SAM, il faut fixer dans ses statuts des objectifs qui permettent de dépasser la seule performance commerciale et ce, en contribuant aux avancées sociétales. Pour cela, l’entreprise doit s’assurer de leur bonne intégration dans sa stratégie globale. Il faut alors penser à définir et mettre en place des KPIs spécifiques au projet (ils doivent être dissociés des indicateurs de la stratégie RSE). L’entreprise doit donc être très vigilante car en qualité de SAM, elle sera auditée par un organisme tiers indépendant afin de s’assurer de leur bonne réalisation.

Des entreprises à l’avant-garde

En 2013, alors que la Loi Pacte n’existait pas encore, le groupe international Essilor se fixe comme objectif de définir et structurer la mission du groupe pour en faire une de ses forces motrices. L’entreprise, novatrice dans la volonté de structurer sa démarche, entreprend de nommer un collaborateur à cette fonction et de créer un comité RSE.

Plus récemment, un autre exemple a confirmé le statut émergent de cette fonction. En 2019, la MAIF confie ce poste à Franck Carnero, alors Directeur Pilotage, Tarification et Décisionnel du groupe. Il est chargé de « la mise en œuvre de la qualité de société à mission » du groupe, d’élaborer les objectifs à intégrer dans les statuts et de mettre en œuvre la gouvernance associée à la qualité de la société à mission de la MAIF (comité de mission, OTI).

C’est dans ce contexte structurant que Pauline Mellerio, Talent Recruiter chez Birdeo, décrypte l’émergence d’un nouveau poste stratégique en entreprise : Chief Mission Officer.

Pour enrichir notre analyse, nous avons recueilli les retours d’expérience de quatre contributeurs :

  • Franck Carnero, Chief Mission Officer au sein de la MAIF
  • Karen Massicot, Chief Mission Officer au sein de Mirova
  • Alexandra Fleury, Responsable RSE au sein du Groupe Réalités
  • Denis Thaeder, Chief Mission Officer chez Wakam

Le contexte de recrutement d’un Chief Mission Officer

A la création de la loi PACTE, il fut assez évident pour le groupe de devenir Société à Mission car les grands principes étaient déjà ancrés dans notre ADN. Nous nous sommes reconnus dans ce statut qui concilie but lucratif et intérêt collectif. Définir notre mission nous a permis de clarifier nos activités, de mieux faire comprendre notre positionnement, nos activités et nos intentions à nos parties prenantes.

Alexandra Fleury, Réalités

Le Chief Mission Officer occupe un poste très spécifique et pointu car la mission de l’entreprise peut être considérée comme un véritable levier de performance. Il semble donc plus stratégique pour les grandes entreprises de réfléchir à la création d’une telle fonction en amont de l’obtention de la qualité de société à mission. Les plus petites entreprises peuvent confier le pilotage de la mission à un référent désigné en interne ou au responsable RSE si la fonction existe mais n’ont pas forcément les ressources pour créer un poste dédié.

Pour autant, il ne faut pas confondre mission d’entreprise et RSE car le Chief Mission Officer n’aura pas la même posture qu’un Directeur RSE.

La RSE a pour vocation de compenser l’action d’une entreprise en mettant en place des actions sur les plans environnementaux et sociétaux qui sont liées à des cœurs de métiers. La mission encourage une entreprise à aller encore plus loin dans sa démarche : il ne s’agit plus seulement de prendre la mesure de ses actes mais de réfléchir à l’ambition et la contribution que l’on souhaite apporter à la société. Elle est donc liée à l’identité et à l’activité de l’entreprise dans sa globalité.

Accompagné par une équipe opérationnelle dans la mise en œuvre de la mission, le Chief Mission Officer anime la gouvernance de Mission et le réseau de parties prenantes. Le but est d’impulser dans les métiers ou les filiales ces réflexions que nous avons autour de la mission.

Franck Carnero, MAIF.

Selon la maturité et la taille de l’entreprise, la mission peut être placée au même niveau stratégique que la RSE et/ou en priorité car elle répond à des engagements auxquels l’entreprise ne peut se soustraire (sous peine de perdre sa qualité de Société à Mission). Considérée comme une « boussole » mise au service de la stratégie RSE, elle guide les directions dans la réflexion tant stratégique qu’opérationnelle.

Au sein du groupe Réalités, il a par exemple été décidé d’inclure le pilotage de la mission au sein de la direction RSE, car les deux projets ont été initiés au même moment : il semblait donc logique de créer une synergie autour de la RSE, la raison d’être et la mission.

Du fait de sa position hiérarchique et étant à la croisée de plusieurs métiers, le ou la Chief Mission Officer est généralement rattaché.e à la direction générale de l’entreprise ou du moins partie prenante de son COMEX (dans le cas de grandes entreprises).

Plutôt que de se demander si la mission doit être rattachée au service RSE, la question est de savoir à quel niveau hiérarchique reporte la RSE. Est-ce qu’elle reporte à la Direction Générale ? A une direction métier ? Car si l’on veut porter la mission et les enjeux à un haut niveau stratégique, il est nécessaire de pouvoir travailler avec le COMEX, le conseil administratif d’administration et les dirigeants. Il sera plus compliqué de transformer le modèle économique si la mission est portée par un service RSE qui serait rattaché à une direction métier.

Alexandra Fleury, Réalités.

Schéma issu de l’Etude Deloitte Citizen Capital – Entreprise à mission de la théorie à la pratique

 

Afin de mieux comprendre en quoi cette nouvelle fonction peut être structurante et stratégique pour les entreprises qui s’engagent dans la voie de SAM, voici un résumé des missions principales au travers d’une fiche de poste accessible ici.

 

 

 

 

[1] Anne Mollet, Directrice de la Communauté des Entreprises à Mission pour CareNews

Co-Auteures : Manon Dauloudet, Assistante Chargée de Communication et Pauline Mellerio, Talent Recruiter Birdeo  

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